FRANCE – Paris

« Sacrée Cœur » à Montmartre Paris (France)

Après avoir raconté mon expérience canadienne au Mont Tremblant révélant l’approche des Amérindiens (voir Montagne sacrée Canada Québec N°4) je vous invite à découvrir le Mont Montmartre et la basilique Sacrée Cœur en son sommet… Cette colline qui domine Paris au nord, nous révèle de sa hauteur cette admirable ville capitale que la pression urbaine n’a pas trop défigurée. Quel contraste entre la vie trépidante d’en bas, celle des touristes au pied de l’église en haut du Mont, et celle que l’on découvre en pénétrant dans la basilique du Sacré Cœur, particulièrement spirituelle, de recueillement que la symbolique du Christ domine.

Quand on fouille dans l’histoire de ce « Haut Lieu », il est à peu près certain qu’avant la conquête romaine, les gaulois honoraient leurs divinités sur ce mont ou cette butte. Puis s’est implanté les temples en l’honneur de Mars et Mercure. (Il reste des vestiges archéologiques). Il faut chercher notamment dans les Archives Historiques de l’Archevêché de Paris pour découvrir que Saint Denis, premier Apôtre Chrétien de la future capitale, est envoyé pour christianiser cette partie de la Gaule. Saint Denis aurait séjourné avec ses disciples dans des carrières de plâtre du Mont des Martyres, origine du nom Montmartre (étymologie Mons Martyrum). En effet, ce serait en ce lieu que Saint Denis a vécu son martyr par décapitation. Par la suite l’abbaye de Montmartre fut consacrée en 1147. Dans le livret Sacré-Cœur de Montmartre éditions Lescuyer, on découvre l’histoire résumée qui nous invite à visiter l’église Saint Pierre qui témoigne des grandes heures de cette abbaye dont les derniers vestiges disparurent en 1843. C’est aussi en gravissant Montmartre, par Saint Ignace, saint François Xavier et leurs amis apprécièrent  son caractère solitaire et Sacré. Ces premiers Pères Jésuites se donnèrent à Dieu sans réserve et fondèrent la « Compagnie de Jésus » en 1534. Un grand nombre des personnages les plus prestigieux de l’histoire de France sont passés à Montmartre. L’envahissement de la France à la suite de la défaite militaire de 1870 émeut profondément les catholiques de France. « Monseigneur Guibert, méditait, pensif, sur les motifs de choisir cette montagne. Tout à coup le soleil chassant les nuages Monseigneur découvre Paris tout entier : c’est ici, s’écria-t-il, c’est ici que le Sacré-Cœur doit régner, afin d’attirer tout à lui… Au sommet de la colline où le christianisme prit naissance, parmi nous, dans le sang de nos premiers apôtres, doit s’élever le monument de notre régénération religieuse. » L’idée est née et sa réalisation suivra avec le vote, en 1873, à l’Assemblée Nationale d’une loi proclamant d’Utilité Publique la construction d’une église consacrée au Sacré-Cœur. La pose de la première pierre se fait le 16 juin 1875 dont le financement est assuré pour l’essentiel par une collecte de petites sommes venues de tous les diocèses. C’est le 21 avril 1881 que le cardinal Guibert célèbre la première messe, et la consécration de la basilique du Sacré-Cœur fut célébrée le 16 octobre 1919.  C’est cette église que nous avons l’honneur, le bonheur de visiter aujourd’hui. En effet la dévotion au Sacré-Cœur devient populaire, les poètes Verlaine et Claudel la chantent… les Chrétiens soucieux de justice sociale y trouvent le principe de leur action. Au fond, ce culte correspond à une religion d’Amour : « Il nous a donné son Cœur sans réserve pour qu’il soit une demeure. En échange, il demande note cœur pour y établir sa demeure. »

Le Sacré-Cœur devient dès 1885, le sanctuaire d’une prière perpétuelle de nuit et de jour assurée sans interruption par les fidèles. Elle subsiste à l’invasion de Paris en 1940, et même lors de la nuit du bombardement d’avril 1944. Les Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre, présentes à la basilique, ont pour vocation l’adoration quotidienne de l’eucharistie, et l’accueil.  Des fidèles de tous horizons, dont je fais partie, viennent ainsi prier se relayant pour l’église et le salut du monde.

Vous découvrez ci-après mon parcours et mes émotions lors de ma visite au Sacré-Cœur de Montmartre, montagne sacrée, les vendredi 5 et samedi 6 octobre 2012. 

Je visite l'église du Sacre Cœur, participe a la fin de la messe du matin, puis à une prière chantée des Bénédictines Après la découverte de cette église au sommet du mont Montmartre, que la ville a petit à petit occupée, une émotion, un appel spirituel s'empare de moi. Les sœurs chantent accompagnées d'un instrument à cordes horizontal la cithare, les fidèles répètent …. On ressent fortement une ferveur collective.
Les sœurs, environ 16,  arrivent en tenue blanche avec un voile noir. Elles viennent en traversant un couloir qui rejoint le monastère. Les touristes font le tour … L'orgue envoûtant nous emmène dans la vibration et nous aide au recueillement. Il est 15 :00 le 5 octobre, premier vendredi du mois.
L'orgue est majestueux, le son nous pénètre. C'est fort, intense, C'est le début de la Célébration du Sacré-Cœur de Jésus.
Les Cloches sonnent marquant le début de la messe. On se lève, les prêtres arrivent au nombre de 4 avec de l'encens,  l'autel est béni avec l'encens : Basilique de la miséricorde, heure de l'offrande du seigneur, temps d'intimité avec le Christ pour obtenir sa miséricorde et son pardon, vénération du cœur du fils bien aimé sont chantés et priés…
Le sermon est prononcé: la Grâce du Seigneur accompagne une mission (elle n'est pas uniquement pour soi en tant que telle), le Seigneur est  témoin de paix et consigne de libertés si l'on a un trésor au fond de son cœur. Porter témoignage du seigneur. Les sœurs Bénédictines animent les chants accompagnés de l'orgue. C’est Particulièrement beau, envoutant, cérémonial, captivant, sensible …
On prend l'eucharistie vers 16:00 les portails sont ouverts, l'orgue crée l'ambiance de recueillement. Le prêtre nous annonce l’année de la foi la semaine prochaine, manière de vivre l'anniversaire du Concile Vatican 2. Savoir être, charité et porter témoignage est recommandés.
Après la messe,  Les fidèles environ un millier, suivent  le corps sacré du Christ en procession.
Détresse angoisse danger faim supplice mauvais esprit…ne nous séparera de l'amour de Dieu. On descend en procession dans la crypte au sous sol par des escaliers internes à la basilique en chantant. La surface et le volume en sont impressionnants. Le prêtre à descendu l’Ostensoir étincelant de son habitacle dans le ciborium au dessus de l’autel dans lequel il est exposé au regard de tous. C’est le symbole de l’Hostie consacrée, présence réelle du Christ mort et ressuscité. Cette contemplation eucharistique est appelée adoration. Prière en commun: La mort est rentrée par la jalousie du démon nous dit le prêtre, il nous invite à chercher à augmenter notre foi…
On se dirige en procession vers une autre chapelle sous le Sacré Cœur en chantant. Le père dépose l’ostensoir sur l'autel. On écoute le récit d'une sœur et du père : « On est faible, tenté, fragile, on a besoin du seigneur qui nous a sauvé ». L'encens est projeté de nouveau. On se dirige vers un troisième autel avec un Christ monumental, bras ouvert. On écoute la bonne nouvelle d'une soeur puis du prêtre : « Joie du don, seigneur augmente notre charité » dit la prière. Puis c’est la fin de la procession, on remonte et le prêtre replace l’ostensoir dans le ciborium, sous la voute magistrale où l’on voit une représentation du Christ à partir d’une œuvre en mosaïque magistrale.
Vers 18:00 démarre les vêpres animées par les sœurs accompagnées de leur cithare.  Chantant implorant le Seigneur, elles se mettent debout ou assises ou agenouillées en fonction de la prière chantée: « le seigneur est justice et pitié … Bénit sois tu es le sauveur fils de Dieu ». Le Notre Père est chantée, elles quittent le cœur en procession vers 18:25. L'orgue prend la suite. Magnifique, émouvant de sensibilité, de spiritualité, de croyance pour ceux qui croient, mais personne je crois ne peut rester insensible à une telle atmosphère … Une messe démarre à 18:30 animée par 2 prêtres et chantée par une soeur.

Après la messe vers 19:30, je me rends à l’accueil du monastère, empruntant le couloir par lequel les sœurs Bénédictines sont arrivées, pour confirmer ma chambre, puis au réfectoire. L’organiste est aussi présente avec un irlandais et une martiniquaise. Les lieux ont été rénovés récemment, le mobilier en bois clair est sobre mais beau, les grandes fenêtres donnent sur un jardin avec des arbres splendides ; l’ambiance est décontractée, la communication facilitée, le repas préparé par une société spécialisée est bon et copieux. Je découvre que la femme martiniquaise vient chaque premier vendredi du mois pour participer à l’Adoration Perpétuelle. Je la questionne car pour moi c’est l’inconnu. Elle m’invite à retourner à l’accueil pour remplir les périodes horaires auxquelles je désire participer aux prières de l’Adoration Perpétuelle. L’organiste a aussi une grande expérience, depuis plusieurs années, elle anime les messes avec des envolées lyriques, sachant sortir du registre classique, que j’ai pu appréciées. Cela crée une atmosphère favorisant le recueillement et la prière. Elle est particulièrement intéressante et dévouée se partageant cette animation avec un autre organiste.

Après dîner, j’ai monté mes affaires dans ma chambre. Je participe à 21:00 à la prière animée par les sœurs Bénédictines. Même type de prière que celle décrite précédemment, chantées ou récitées alternativement par chacune d’entres elles. Les voix sont douces et incitent au recueillement, l’accompagnement à la cithare n’est pas systématique, des moments de silence ponctuent les prières, provoquant un repli sur soi positif, comme dans une méditation.

Vers 22:00 je vais me coucher, prendre une douche, mettre le réveil à 1:00 du matin, me lever et prendre la main avec d’autres anonymes et participer ainsi à la prière perpétuelle. Je me rends au Cœur de la Basilique où plusieurs personnes, « créatures », au grès de leurs inscriptions sont présentes, certaines étant dans un état de ferveur intense. C’est bouleversant, ces créatures croient, vivent intensément leur prière, et elles sont nombreuses. Personnellement cela me fait du bien de constater une telle ferveur, croyance. Non choqué, bien au contraire, je n’ai que du respect. Je reprends pour m’aider dans ma prière personnelle les quelques feuillets distribués par les sœurs lors de la prière de 21:00.  J’oublie complètement ma fatigue, la joie d’être présent domine, et le temps passe très vite ayant décidé de revenir dans ma chambre à 2:00 du matin pour reprendre à 4:00. Même expérience, autant de ferveur,…. Je retourne dans ma chambre pour ensuite me lever et aller au petit-déjeuner à 8:00. Je range la chambre. Je quitte le monastère, vers la Basilique que je traverse une nouvelle fois, me dirige sur son parvis avec ses sculptures, son décor et sa foule de créatures venant du monde entier pour admirer Paris en contrebas, et vénérer pour une partie d’entres elles le Christ …

Une des prières que l’on peut lire dans la basilique 

Unis à ceux qui ne te connaissent pas, Nous te Prions
Unis à ceux qui te cherchent avec droiture, Nous te Prions
Unis à ceux qui ont perdu confiance en toi, Nous te Prions
Unis à ceux que la souffrance a éloignés de toi, Nous te Prions
Unis à tous les peuples de la terre, Nous te prions
Avec le Saint Père, notre archevêque et les évêques, les prêtres et tous les chrétiens, Nous te Prions
Jésus, doux et humble de cœur, rends notre cœur semblable au tien.

DES TRACES SUR LE SABLE de Adémas De Barras

J'ai rêvé que je cheminais sur la plage en compagnie du Seigneur, et que, dans la toile
de ma vie, se réfléchissaient tous les jours de ma vie.
J'ai regardé en arrière, et j'ai vu qu'à ce jour où passait le film de ma vie
surgissaient des traces sur le sable ; l'une était mienne, l'autre celle du Seigneur.
Ainsi nous continuions à marcher jusqu'à ce que tous mes jours fussent achevés.
Alors je me suis arrêté, j'ai regardé en arrière. J'ai retrouvé alors qu'en certains
endroits il y avait seulement une empreinte de pied… Et ces lieux coïncidaient justement
avec les jours les plus difficiles de ma vie, les jours de plus grande angoisse, de plus
grande peur, et de plus grandes douleurs… J'ai donc interrogé :
"Seigneur, tu as dit que tu étais avec moi tous les jours de ma vie, et j'ai accepté de
vivre avec toi.
Mais, pourquoi m'as-tu laissé seul, dans les pires moments de ma vie ? "
Et le Seigneur me répondit :
"Mon Fils, je t'aime, j'ai dit que je serais avec toi durant la promenade, et que je ne te laisserais pas une seule minute.
Je ne t'ai pas abandonné.
Les jours où tu as vu à peine une trace sur le sable furent les jours où je t'ai porté…"